Le programme iconographique des médaillons, véritable allégorie de la vie humaine, “juxtapose plusieurs sources littéraires et philosophiques pour offrir une réflexion morale aux moines.”
Si l’identité du sculpteur de la Fontaine demeure à ce jour inconnue, les spécialistes et chercheurs, attribuent de façon formelle la commande de celle-ci, soit à Hughes V de Foucault, abbé de Saint-Denis de 1186 à 1197, soit à son successeur Hughes VI du Milan, mort en 1204.
Étonnamment, il n’apparaît pas surprenant qu’à la fin du douzième siècle on puisse rencontrer des représentations mythologiques dans le cloître d’une abbaye.
“A toute époque, au XVIème siècle même, ces représentations auraient choqué les fidèles. Mais la sculpture date du XIIème siècle, c’est à dire du temps où les clercs faisaient leurs délices des poésies d’Ovide, d’Horace et de Virgile, où ils recherchaient les statues et les pierres gravées antique dont ils savaient apprécier la beauté.”
La Fontaine, à Saint-Denis, était installée près du réfectoire, dans l’angle sud-ouest du jardin du cloître, puis elle fut transportée, entre 1700 et 1742, lors de la démolition du cloître médiéval, au pied du grand escalier du dortoir du nouveau cloître.
Par le décret du 02/11/1789, l’Assemblée constituante mis les biens de l’Église, dont les biens des congrégations religieuse, à la disposition de l’Etat. Puis, par le décret du 13/02/1790, celle-ci interdit les vœux monastiques et supprima les ordres religieux. Si des monuments et des œuvres d’art du patrimoine National firent l’objet de destructions, la vasque de Saint-Denis fut sauvegardée et, lors de la dispersion des œuvres d’art de Saint-Denis, elle fut attribuée au Museum des Arts (Palais du Louvre) le 28/08/1794 et placée peu après dans le jardin de l’Infante. Elle fut déplacée à nouveau en 1798 aux Invalides pour y demeurer jusqu’en 1809 où elle fut transportée dans l’ancien couvent des Petits-Augustins devenu le musée des Monuments français (1795 – 1815), musée créé et dirigé par Alexandre LENOIR (1761 – 1839). La vasque subit un sérieux endommagement lors de ce transfert. À la suppression de son musée prononcée sous la Restauration, les locaux sont affectés dès 1816 à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts. Un grand nombre des œuvres entreposées par Alexandre LENOIR sont à cette date restituées à leurs propriétaires d’origine ou aux ayants droit. Cela ne sera pas le cas de la vasque de Saint-Denis qui resta dans la nouvelle école, placée contre un mur dans une salle de l’ancien musée.
En 1830, Félix DUBAN (1798 – 1870) est nommé Architecte de l’École des Beaux-Arts, il y réalisa de 1830 à 1840 la construction du bâtiment du Palais des Études. Dans un style éclectique particulièrement ingénieux, il y aménagea la Cour d’Honneur : D’un côté l’arc de Gaillon, portique du château du même nom conservé dans le musée de LENOIR, de l’autre la façade du Palais des Études avec la série de statues de marbre exécutées d’après l’antique par les pensionnaires de la villa Médicis. Avec des fragments du château de Gaillon, deux arcs ont été composés et déterminent les deux autres extrémités nord et sud. Au milieu de la cour DUBAN y fit placé en 1835 la vasque de Saint-Denis qui est le centre d’une décoration écrite sur le sol par les habiles combinaisons des dalles de marbre et du pavé. La vasque, sans le grand bassin inférieur et sans le sommet d’origine, est soutenue par un grand pied en fonte spécialement fabriqué.