“C’était un hasard si j’étais à Paris deux ans plus tard, en novembre 1978, pour un enregistrement annoncé très peu de temps auparavant. C’est une formation de circonstance, probablement constituée le jeudi qui précéda la séance qui fut réunie.
Pour certains, y participer fut un exploit, Vivi que j’ai interrogé sur cet épisode l’été dernier, m’a raconté sa version. Apprenant la nouvelle la veille au Pays basque, il avait traversé la France de nuit à moto, vêtu d’un seul ciré jaune dans le froid, pour arriver transi le matin, à l’heure au studio.
Yves Vignerte était sans égal pour faire sonner les airs mexicains, les espagnolades, « Toca toca la guitarra Manuel » au bon moment ! La « battle » toute en tendresse, qui nous opposa sur « Mon Homme », pendant l’enregistrement est mon meilleur souvenir, par chance elle est restée gravée.
Hormis ce moment, j’ai passé la journée sous un casque de retour que l’ingénieur du son n’avait pas jugé utile de brancher pour nous. Le tout était pris en stéréo, de loin, et en une prise. La salle d’enregistrement était sombre et sentait le moisi. Le boui-boui le plus cra-cra aurait été plus chaleureux et au moins, on aurait pu y prendre un café.
L’ambiance n’y était plus entre Vago et moi. Houchang se souvient lui, d’une foire d’empoigne du côté des contrebasses. L’après-midi, la boisson a un peu réchauffé l’atmosphère. Tout fut alors enregistré en une prise en enchaînant les morceaux.
Bien que les morceaux ressortissent essentiellement de montages collectifs, le nom de Tugudu manque sur la pochette pour ses arrangements sur « Le siffleur et son chien, Le Troisième Homme » qui constituaient le son Otello avec « Le Pas des Patineurs et La valse Perce-oreille ». Hormis « Amour Castagnettes et Tango » tous les morceaux joués étaient anciens.
Je ne sais pas s’il est enregistré sur le disque, mais « Tiger Rag » comportait un collage comme « La petite musique de Nuit » sur « La musique à Papa ». Mené au pas de course, seul peut être, Pol Le Belge (tpt en Ut), absent ce jour-là, pouvait improviser dessus, sinon c’était toujours trop long. Lécrevisse coupait court aux errances avec « Maréchal nous voilà ». Le rire était assuré…”