La Croix de Guerre et la Croix de la Légion d’Honneur décernées à l’École des Beaux-Arts

ÉCOLE DES BEAUX-ARTS / GRANDE MASSE DES BEAUX-ARTS

1926 et 1934

Avant propos de l’auteur de l’article :

La présente « brève » est un article purement historique destiné à rappeler dans quelles circonstances l’École des Beaux-Arts s’est vue conférer, d’abord la Croix de Guerre (1926), puis celle de la Légion d’Honneur (1934).

LA CROIX DE GUERRE

Plaque gravée avec l’insertion de la décoration de la Croix de Guerre conservée à l’École des Beaux-Arts.

Il est possible de deviner l’étonnement des adhérents de la Grande Masse de L’École des Beaux-Arts découvrant sur la première page de couverture de son Bulletin du mois de janvier 1927 l’image d’une Croix de Guerre :

Raymond MÜLLER 1 et2(1893-1982), le fondateur et Président Grand Massier de l’association, s’empresse d’en donner aussitôt l’explication sur la première page du Bulletin. Suivent en pages 2 et 3 du Bulletin les témoignages d’Albert BESNARD (1849-1934), Directeur de l’École des Beaux-Arts, de Georges BOMIER (1865-1936), Sous-Directeur de l’École des Beaux-Arts et de Georges LEGROS (1865-1946), Président de la Société des Architectes Diplômés par le Gouvernement (S.A.D.G) :

Page 1 du Bulletin de janvier 1927 de la Grande Masse de l’École des Beaux-Arts
Page 2 du Bulletin de janvier 1927 de la Grande Masse de l’École des Beaux-Arts
Page 3 du Bulletin de janvier 1927 de la Grande Masse de l’École des Beaux-Arts

Ainsi, par Arrêté en date du 20/12/19263, signé le 13/12/1926 par le Président de la République, Gaston DOUMERGUE (1863-1937), par le Président du Conseil et ministre des finances, Raymond POINCARÉ (1860-1934) et par le ministre de la guerre, Paul PAINLEVÉ (1853-1933), ce dernier citait à l’Ordre de l’Armée l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts.

Lors de la réunion mensuelle de la Grande Masse des Beaux-Arts du 24/01/1928, dont un extrait vous est présenté ci-après, Louis ALLIX, le Président Grand Massier, parle de la cérémonie de la remise de la Croix de Guerre à l’École.

Extrait du Bulletin de février 1928 de la Grande Masse de l’École des Beaux-Arts

Puis après, …, après ?… plus rien jusqu’en 1932 et le Bulletin de février dans lequel on apprend par Henry MATHÉ, Président Grand Massier, que la cérémonie de la remise de la Croix de Guerre a eu lieu le samedi 20 février 1932 sur l’initiative d’Arsène LE FEUVRE, ancien élève de l’École à l’atelier de Peinture GÉRÔME4.

Extrait du Bulletin de février 1932 de la Grande Masse de l’École des Beaux-Arts

Il vous est proposé en suivant de découvrir le récit et le déroulement de la cérémonie tels que détaillés et illustrés dans les Bulletins de la Grande Masse de mars et d’avril 1932 ainsi que dans la presse de cette époque.

Plan de l'E.N.S.B.A avec matérialisé en jaune l'emplacement du monument au morts dans la Cour du Mûrier.
Extrait du Bulletin de février 1932 de la Grande Masse de l’École des Beaux-Arts
Photographie extraite du Bulletin de la Grande Masse de l’École des Beaux-Arts d’avril 1932
Photographie extraite du Bulletin de la Grande Masse de l’École des Beaux-Arts d’avril 1932. Sur cette photographie, tout à fait à droite et adossé à la fontaine de la Cour du Mûrier, on peut apercevoir l’Architecte Auguste PERRET reconnaissable à sa barbe et à son légendaire chapeau.
Photographie extraite du Bulletin de la Grande Masse de l’École des Beaux-Arts d’avril 1932
Extrait du Bulletin de la Grande Masse de l’École des Beaux-Arts d’avril 1932
Extrait du journal « Le Figaro » du 21 février 1932.
Extrait du journal « Excelsior » du 21 février 1932.

LA LÉGION D'HONNEUR

Plaque gravée avec l’insertion de la décoration de la Légion d’Honneur conservée à l’École des Beaux-Arts.

Un peu plus de 2 ans après la cérémonie de la remise de la Croix de Guerre avait lieu une autre cérémonie : celle de la remise de la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur décernée à l’École des Beaux-Arts5.

Ainsi le 20 juin 1932, le Président de la République, Albert LEBRUN (1871-1950) remettait cette haute distinction dans l’École même.

De même que pour la Croix de Guerre, nous vous proposons en suivant de découvrir le récit et le déroulement de la cérémonie tels que détaillés et illustrés dans le Bulletin de la Grande Masse de juin 1934 ainsi que dans la presse de cette époque.

Photographie extraite du Bulletin de la Grande Masse de l’École des Beaux-Arts de juin 1934.
Extrait du Bulletin de la Grande Masse de l’École des Beaux-Arts de juin 1934.
Discours d’Emmanuel PONTRÉMOLI, Directeur de l’École des Beaux-Arts / Extrait du Bulletin de la Grande Masse de l’École des Beaux-Arts de juin 1934.
Extrait de la revue « La Construction Moderne » du 15 juillet 1934.
Albert LEBRUN, Président de la République, fleurit le monument aux morts dans la Cour du Mûrier / Extrait du journal « L’Illustration ».

Notes et références

  1. Pour connaître la liste des Grands Massiers et des Grandes Massières Président(e)s de l'association, voici la page dédiée : Les Grands Massiers : Présidentes et Présidents de 1925 à aujourd'hui.
  2. Il m’apparaît opportun, en marge de cette brève historique, de vous raconter quelques séquences de la vie du Grand Massier Fondateur, Raymond MÜLLER, qui fut amené, comme de nombreux élèves de l’École des Beaux-Arts, à combattre pendant la guerre de 1914-1918.
    Ces quelques informations, le concernant, pourront aider à cerner l’état d’esprit de cet homme qui sera à l’initiative de la création de notre Association.

    Raymond Otto MÜLLER est né le 15 juin 1893 à Saint-Ouen sur Seine (Seine-Saint-Denis).
    Sa mère est française, fabricante de broderies.
    Son père est allemand de naissance (né en 1860 à Leipzig), naturalisé français en 1899, artiste graveur.
    Après avoir fait ses études secondaires au Lycée Chaptal à Paris, Raymond MÜLLER entre à l’École des Beaux-Arts en 1911 comme élève aspirant à l’École des Beaux-Arts dans l’atelier officiel d’Architecture PAULIN. Il est admis à 19 ans en seconde classe (admission officielle) le 6 juillet 1912.
    Partant à l’armée, il est incorporé au 11ème régiment de Cuirassiers en octobre 1913 ; sa corpulence remarquable (pour l’époque) d’1m80 de taille de hauteur pour 80 kilos de poids fait qu’il est orienté dans cette arme.

    Il est nommé aux grades successifs de Brigadier puis de Brigadier Fourrier pendant la guerre.
    Fait prisonnier par l’armée allemande le 9 juin 1918 dans la commune de Plessis-de-Roye dans l’Oise, ce dernier est interné dans le camp de prisonnier de Cassel en Allemagne.
    Rapatrié d’Allemagne en France en février 1919, il est mis en congé illimité par l’armée française en septembre 1919.
    Ce dernier reprendra en suivant ses études en Architecture, obtiendra sa première classe en juillet 1921 et sera diplômé Architecte en juin 1923.
    D’octobre 1913 à septembre 1919 dans l’armée, il s’agira donc de 6 ans de sa « jeune » jeunesse, celle-ci côtoyant la mort, la destruction et la misère liées à cette guerre.

    Il reçoit en 1920 une citation à l’Ordre de l’Armée dont le texte est le suivant :
    « Toujours plein d’entrain et de belle humeur est un précieux auxiliaire du Commandement dans les moments difficiles. Au cours de l’attaque du 9 juin 1918 a assuré la liaison entre le Chef de Bataillon et son Commandement de Compagnie dans des circonstances particulièrement critiques. Resté auprès de ce dernier avec quelques agents de liaison, le petit groupe entièrement cerné a tenté avec lui de se dégager pour rejoindre une pièce de première ligne qui tirait encore jusqu’à ce que, aveuglé par la fumée et les gaz, il fut désarmé par l’ennemi ».

    PHOTO_Raymond-MULLER

    Photographie de Raymond MÜLLER prise lors de sa première permission en août 1915.

  3. Arrêté du 20/12/1926 paru au Journal Officiel du 22/12/1926.
    Il est à noter que dans ce même Arrêté, d’autres Écoles sont citées à l’Ordre de l’Armée, il s’agit de l’École du Service de Santé Militaire de Lyon, de l’École d’Administration Militaire, de la Prytanée Militaire et les Écoles Militaires Préparatoires, de l’École des Chartes, de l’Institut National Agronomique et afin de l’École des Hautes Études Commerciales et les Écoles Supérieures de Commerce.
  4. Au sujet de l’atelier de Peinture GERÔME, voir la page dédiée : Filiation de l'Atelier officiel de Peinture Gérôme
  5. Décret du 03/05/1934 paru au Journal Officiel du 21/06/1934.