La « masse » a toujours existé dans les ateliers de l’École des Beaux-Arts : c’est en premier lieu le budget nécessaire pour faire vivre l’atelier. Il est issu des cotisations des élèves (d’où l’expression « payer sa masse »). Par extension, « la masse » se rapporte au conseil d’administration présent dans chaque atelier avec pour mission d’en gérer les intérêts et les finances. Il est représenté par le « massier », ou « massière », élu par les élèves, et agréé par le chef d’atelier (ce dernier pouvant être également appelé « Patron » ou « Maître »).
Dès la fin du fin XIXe siècle, on trouve trace de l’existence de la Grande Masse. Sa principale préoccupation étant alors d’assurer la liaison entre les ateliers pour l’organisation du fameux « Bal des Quat’Z’Arts». Il existait donc déjà en 1892, date de la création de ce dernier, un corps organisé. Il est permis de penser, qu’en des temps plus lointains, on peut trouver la trace de groupements libres qui ont d’abord réuni les architectes, et auxquels se sont joints les élèves des autres sections de l’École des Beaux-Arts (peinture, sculpture, gravure).
Au retour de la Première Guerre Mondiale les difficultés présentes de la vie renforcèrent l’esprit corporatif. L’idée de grouper de manière juridique et légale tous les élèves de l’École se fixe dans l’esprit de quelques-uns.
C’est ainsi que les 6 et 7 avril 1925, dans le caveau du « Rocher », alors célèbre café du boulevard Saint-Germain à Paris, se groupent plusieurs camarades pour désigner les grands massiers des quatre sections de l’École (peinture, sculpture, gravure, architecture) et le Grand Massier de l’École.
Raymond Müller (1893-1982 / atelier officiel d’architecture Paulin puis Pierre André) est le premier Grand Massier, fondateur et président de l’association. Le conseil de la Grande Masse comprend : Louis Allix, Grand Massier des architectes (1894 – 1964 / atelier libre d’architecture Godefroy), Francis Harburger, Grand Massier des peintres (1905 – 1998 / atelier officiel de peinture Simon) et Paul Belmondo, Grand Massier des sculpteurs (1898 – 1982 / atelier officiel de sculpture Boucher).
Ce groupement est, à partir du 12 janvier 1926, date du dépôt des statuts de l’association, officialisé de façon légale. Son Siège s’installe 51 rue de Seine à Paris (6e arr.).
La mission et l’objectif de cette nouvelle Grande Masse est de :
« créer et entretenir un lien de solidarité entre tous les élèves et anciens élèves de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, fonder et développer toutes organisations susceptibles d’améliorer la situation de ses membres. »
Article Ier des statuts – 1926
Pour tout capital la Grande Masse ne possède qu’une somme de quatre cents francs, provenant de la vente d’une machine à écrire, legs de l’ancienne masse.
« Malgré ce début modeste, le vif désir que nous avions de parvenir au but, l’énergie déployée par les plus dévoués, permirent tous les espoirs. »
Raymond Müller – 1935
Afin d’arrondir ce capital, le Grand Massier songe à organiser un bal : le Bal Païen. Il a lieu salle Bullier le 29 janvier 1926, patronné par le journal artistique COMŒDIA. Il obtient un succès tel que la Grande Masse se trouve détentrice le lendemain de la somme estimable de vingt mille francs. Par ailleurs, grâce à une propagande inlassable la caisse se remplit, les adhésions rentrent ; le cercle d’indifférence qui entoure la Grande Masse à ses débuts s’estompe.