Dans L’Amour du Bruit n°12 (mai 2014), Louis-René Blaire, chef de la Fanfare Honoré Champion et qui rejoindra les Léon Malaquais à partir de juillet 1958, soit quelques mois après l’enregistrement de ce disque, écrit la critique suivante :
« Malgré l’affection que je garde à notre vieille Fanfare Léon Malaquais, et l’admiration que je lui portais, notamment en 1958, l’objectivité la plus élémentaire m’oblige à dire que le 33T « Faites danser les Rosières » et le 45T « Le Pont de la Rivière Kwai » enregistrés en mai 58 sont les moins bons de tous les enregistrements enregistrés par cette célèbre fanfare, et ne reflètent en rien le niveau musical et la pêche qui avaient tant frappé les mélomanes de l’Ecole à cette époque. Rappelons que la Fanfare, principalement composée à l’époque de membres de l’atéyé Beaudouin, ne comportait que deux mercenaires et pas n’importe lesquels, en la personne de Jeff Leleu (Yapakloss Kikouliss) et Raymond Caubel (Yapakliss Kikouloss). C’est juste après cet enregistrement que furent appelés sous les drapeaux Trifloquet, Laridelle et Yapakloss… Autant dire que cette absence serait importante pour la fanfare, quand on se rappelle que le service durait environ 28 mois, dont une bonne partie à risquer sa peau de l’autre côté de la Méditerranée.
Revenons à nos deux disques, qu’on n’appelait pas encore « albums ». Commençons par les critiques négatives : une impression de lourdeur pataude dès le «Barnum Circus», pourtant morceau de bravoure incontournable de la fanfare: ça se traine, c’est trop lent, et les attaques percutantes de Trifloquet et Laridelle ne parviennent jamais malgré leurs énergie à la trompette, à sortir leurs copains de ce bourbier. «Frou-Frou» est calamiteux, et le thème carrément saccagé. «Bergler Polka» n’est que l’ombre de ce qu’on entendait à l’époque par cette même fanfare, «Rico Vacilon» est poussif, quant à «Viens Poupoule» qui n’est pas mauvais, il est entaché d’une faute de mesure à la reprise, qui sera corrigée par la suite… Et à propos de fautes de mesure, la reprise de «Musique en tête» en comporte une, également à la reprise, que nous jouions joyeusement et sans complexes les soirs de quatorze juillet … il y sera également remis bon ordre par la suite ! Je sens que mes considérations sur les fautes de mesure vont encore énerver Lharidelle qui raconte notre polémique à ce sujet sur l’estrade du Bal de 14 Juillet 1958 !
Heureusement, certains morceaux sauvent le disque: «le Petit Cordonnier», «la Musique à Papa», «A la Bastoche», «Viens Poupoule» et «Doce Cascabeles», et même le «Musique en Tête» du 45T sortent de la grisaille générale et remettent un peu de baume au cœur des aficionados de la fanfare qui retrouvent dans ces morceaux les échos de nos grands bals de 14 Juillet.
En fin de compte, ce qu’il y a de mieux dans ces deux disques, c’est l’extraordinaire pochette des Rosières, très belle photo en couleurs de la fanfare avec le couple Diaz tenant la vedette au premier plan. Quand je pense que des éditeurs peu scrupuleux ont, ces dernières années, fait des soi-disant rééditions(7) sans reprendre ces très belles pochettes pour les remplacer par des pochettes de merde n’ayant plus rien à voir avec la choucroute ! Pour la petite histoire, ces rééditions n’ont évidemment pas rapporté un sou à la Fanfare.
Je ne crains plus, après ces lignes un peu sévères, que le courroux de Léon qui avait dit à Amédée, auteur lui aussi d’une critique peu amène de ce disque à sa sortie : « ôte tes lunettes et viens chercher ta gifle ! ». Amédée obtempéra bien sûr. Et il reçut la gifle du Maître ! »
Le disque sort donc en octobre 1958 sous le label PATHE ST 1098 , c’est un microsillon de 25cm, 33 tours et porte le titre de « FAITES DANSER LES ROSIERES ».
Il a fait l’objet de multiples rééditions, mélangé aux autres disques de Malaquais.