Quelques ouvrages à lire avec gourmandise

Fanfares des Beaux-Arts

Lecture

Note de l’auteur :

Nous vous proposons quelques livres récents sur la vie de l’École et celles de certaines fanfares. Cet article a été écrit avant la parution du livre de Véronique Flanet, La belle histoire des fanfares des Beaux-Arts de 1948 à 1968, fruit d’un travail conséquent et minutieux que son point de vue d’ethnologue extérieure aux Beaux-Arts rend d’autant plus savoureux.

Je vous propose ces quatre livres écrits par des anciens ayant fréquenté l’École dans les années 1950 et 1960. Il faut les prendre comme ils sont, enjoués, sans dogmes sur l’enseignement de l’architecture, des souvenirs heureux d’étudiants insouciants dévorant leurs études et ses à-côtés avec gourmandise. Personnellement, je les ai lus au premier degré, sans nostalgie pour cette époque révolue que je n’ai pas connue, en me prenant à rire tout seul de ces plaisanteries sans gravité ni malveillance.

Histoire édifiante et véridique de la grande fanfare Malaquais​

par Adrien Lharidelle & Co

Que seraient devenues les fanfares des Beaux-Arts sans les fanfares Léon Malaquais et Octave Callot ?

On ne présente plus Lharidelle, alias Adrien Laridelle, alias Alain Villeminot qui fit avec Gaston Trifloquet (Gilles Thin) l’un des plus beaux duos de trompettes de fanfare. Lharidelle fut des débuts de la fanfare Malaquais au sein de l’atelier Beaudoin et sans doute le dernier membre présent encore chez Callot après la fusion entre les deux fanfares.

Lharidelle a écrit ce livre en collaboration avec ses petits camarades, à lire l’introduction, on a même la sensation qu’il s’agit d’une œuvre collective, mais on reconnait bien son style d’écriture. On trouvera tout, ou à peu près, de l’histoire de la fanfare, avec plein de détails plus ou moins véridiques, jusqu’aux dernières prestations entre vieux amis retrouvés pour le bonheur de tâter encore de l’embouchure.

Le livre est enrichi de superbes photos et dessins qui nous donnent une idée de l’image que montrait la fanfare. Un livre d’une totale jeunesse que Lharidelle conseille de lire aux chiottes (!).

Comme on peut l’imaginer, ce genre de littérature ne se trouve pas dans toute bonne librairie. À se procurer sur la plateforme d’auto-édition : lulu.com.

Première et dos de couverture du livre d’Adrien Lharidelle & Co

Souvenirs cuivrés, Musiques aux Beaux-Arts

par Louis-René Blaire

Louis-René Blaire est rentré à l’École des Beaux-Arts au milieu des années 1950 dans l’atelier d’architecture Leconte. Il fonde avec quelques élèves une fanfare dans l’atelier, fanfare qui portera le nom d’Honoré Champion. Très rapidement et très naturellement, Blaire sera affublé du nom d’Honoré Champion de la même manière que Michel Vincent porta le nom de Léon Malaquais. La fanfare prit très vite son envol, gagnant même en 1958 le premier concours de fanfare des Beaux-Arts. Il faut dire que contrairement à bien d’autres, Blaire était arrivé à l’école avec un gros soupçon d’éducation musicale, cela peut aider ! Très vite le jeune Honoré Champion ira jouer chez Malaquais puis fera partie de la fusion avec Callot dans ses débuts.

Comme il le revendique lui-même dans son introduction, Blaire s’est voulu plus précis dans ses souvenirs, les recoupant avec des documents divers tels qu’articles de presse. Ce livre est pour cela très intéressant à lire en parallèle avec celui de Lharidelle, tant ils partagent les mêmes périodes et mêmes histoires. À noter particulièrement, un voyage en Algérie pendant la période de la guerre que ces étudiants traversèrent, interrompant leurs études pendant deux à trois ans. On y trouvera aussi toute l’histoire de la prestation des Malaquais à l’Olympia dans le spectacle de Tati.

Là encore, des photos et toute une série d’annexes très précises.

À se procurer aussi sur lulu.com.

Première et dos de couverture du livre de Louis-René Blaire

Le Cru des Beaux-Arts, Récoltes 1964 et suivantes

par Guy Fichez

Guy Fichez intègre l’École des Beaux-Arts en 1964 comme élève architecte dans l’atelier Lamache. Au contraire des deux livres précédents, Guy Fichez y relate surtout sa vie au sein de l’atelier avec ses rituels, ses obligations et ses festivités. Bien-sûr, l’auteur raconte sa vie marquante avec la fanfare de l’atelier, Aimé Visconti, dont on sent l’importance dans la traversée de ses études.

Là encore, on se promène au milieu d’anecdotes savoureuses et empruntes d’une imagination sans limites. Ayant personnellement fréquenté l’atelier Lamache treize ans plus tard, j’y ai retrouvé, malgré les changements dus à la modification du système pédagogique et aux deux déménagements de l’atelier, plein de souvenirs similaires : la vie des nouvôs dans l’atelier, le fonctionnement de l’atelier, les corrections successives des anciens puis du patron, les charrettes, les mariages, les pince-fesses et bien-sûr la fanfare qui avait une place très importante dans la vie de l’atelier.

Guy Fichez a fait avant la rédaction de ce livre un travail considérable de recherches et de classement d’archives. Il existait dans l’atelier un formidable livre d’or, ensemble de livres de souvenirs de l’atelier depuis 1883 jusqu’à 1976, date à laquelle l’atelier déménagea à Nanterre. Lorsque Paul Lamache quitta l’atelier et que ce dernier vint à disparaitre, les anciens lui confièrent ces livres que Lamache demanda à l’Académie d’Architecture de conserver. Ceux-ci étant consultables, notamment par les membres de l’atelier, Guy Fichez entreprit de les scanner dans leur totalité. Un travail de Titan. C’est ainsi que le livre nous offre une foule de reproductions de documents tous plus pittoresques les uns que les autres. Toute la vie d’un atelier d’architecture des années 1960 est présente dans ce livre. Un régal.

Édité chez Edilivre, on peut se le procurer sur leur site en ligne : edilivre.com.
En plus de l’édition papier, est également proposé une édition numérique.

Première et dos de couverture du livre de Guy Fichez

Mémoires de trombone, Récits de fanfare

par François Didierjean

On quitte l’École des Beaux-Arts pour se retrouver à l’École Spéciale d’Architecture (ESA), « l’autre école » ! François Didierjean l’intègre à la fin des années 1950. Il y fait la découverte de la Fanfare des Architectes de Montparnasse.

Dans son livre, Didierjean, à l’instar de ses confrères précédents, nous fait vivre les tribulations de sa vie de fanfariste. À y regarder de près, celle-ci ressemble fort à celle de la fanfare des Beaux-Arts mais les rites ne sont pas les mêmes, les lieux non plus. On doit notamment à la fanfare de l’ESA d’avoir tracé le chemin vers les férias et particulièrement celle de Nîmes.

L’auteur ayant continué la musique et particulièrement la fanfare après son diplôme nous raconte sa vie de fanfariste post étudiant. C’est ainsi que nous avons notamment un livre de bord de la tournée aux États-Unis lors du fameux voyage de 1976 organisé par la Grande Masse des Beaux-Arts à l’occasion du bicentenaire des États-Unis, voyage qui avait projeté outre Atlantique près de deux cents fanfaristes pour une tournée avoisinant un mois. Cette tournée mythique avait fait l’objet de très peu de compte-rendu.

On regrettera un peu le manque d’iconographie mais la lecture de ce livre est extrêmement plaisante et permet d’avoir une autre approche. Encore un amoureux de sa vie de fanfare, passée et présente !

Ce livre est édité à compte d’auteur, on peut se le procurer en envoyant un courriel à François Didierjean à l’adresse suivante : francois.didierjean@orange.fr.

Première et dos de couverture du livre de François Didierjean