Il pourrait sembler curieux que les élèves des Beaux-Arts adoptent une chanson traitant du corps des pompiers, mais, à la fin du XIXe siècle, les élèves s’identifient à des pompiers, portent des casques et vont jusqu’à se confronter, en tant que pompiers, aux feux des avant-gardes. La Marche des 4’zarts, autre chanson, ne dit-elle pas : « C’est nous les rapins déguisés, en pompiers de l’Impressionnisme » ?
Dans les chansons du XIXe siècle, on idéalisait le pompier comme un beau militaire enflammant le cœur des femmes, il était aussi célébré pour sa capacité à boire beaucoup d’alcool.
Si l’on pense à « l’art pompier », terme qui s’est introduit dans l’histoire de l’art par l’argot d’atelier, l’origine de l’emploi du mot « pompier » dans l’argot de l’école demeure encore difficile à documenter. De l’aveu même de Jacques Thuillier : « Personne n’a encore précisé le moment où ce terme de « pompier » s’implante dans le domaine des arts, ni son sens premier. Il dut surgir un beau jour dans les ateliers des peintres parisiens. Est-il d’usage courant dès la première moitié du siècle ? Rien n’est plus difficile à suivre, on le sait, que l’argot des étudiants. »
Cette difficulté à documenter l’argot d’atelier fut pointée par Louis Rousselet : « toutes les Écoles ont un fonds commun de locutions plus ou moins bizarres, dont l’origine est parfois difficile à retrouver » ainsi que par Jacques Thuillier : « Dans ce type d’argot, toutes les contaminations sont possibles, tant dans la naissance du concept que dans son développement. »
Il s’avère que, par ce chant, les élèves pouvaient se célébrer en un guerrier dont le couvre-chef voyant pouvait être, par ailleurs, tourné en dérision. Au sein d’un système reposant tout entier sur les concours et l’émulation, où l’atelier est à la fois le camp d’entraînement et le camp retranché des nuits de charrettes, cet hymne fédérateur et qui célèbre un courageux guerrier donnait du cœur à l’ouvrage.