Publication | Auteur |
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Avril 2015 |
Pierre-Edouard CALONI dit " Calo " |
Enregistré, comme "Faites Danser les Rosières" en mai 1958 sur deux jours consécutifs. Comme nous avons pu le voir au chapitre précédent, il est sorti fin 1958, à peu près en même temps que le 25cm.
Le choix du titre et du morceau Le Pont de la Rivière Kwaï ou Marche du Colonel Bogey mérite que l'on s'y arrête un peu. La même année, Honoré Champion l'avait aussi enregistré dans Bougrement Vôtre et ce morceau deviendra à part entière l'un de ces nombreux saucissons des fanfares des années 60 à 80. Octave Callot le jouait régulièrement et s'il n'a pas été enregistré dans ses disques officiels de sa grande époque, il apparait dans le formidable 30 cm édité en 1973 par la Grande Masse et enregistré lors de l'enterrement de l'Atelier Lamache, rue Visconti. Callot l'enregistrera aussi en 1983 dans un recueil de deux cassettes audio à compte d'auteur, vendues directement par la fanfare(1).
Le film, sorti en décembre 1957, réalisé par David Lean, avec Alec Guinness, William Holden et Jack Hawkins eut un énorme succès, nous ne vous en raconterons donc pas l'histoire. Il rendit célèbre La Marche du Colonel Bogey, air qui avait pourtant déjà été utilisé par Hitchcock dans Lady Vanishes en 1938...
Pour l'entrée des prisonniers dans le camp, les producteurs avaient réfléchi à la manière dont ceux-ci pourront faire la nique aux Japonais et de façon subtile. David Lean propose ce thème, chanson anglaise écrite en 1914 par Kenneth Alford. Afin d'éviter la censure qui ne manquerait pas, compte tenu des paroles particulièrement vulgaires qui agrémentent la chanson originale(2), Lean propose que les soldats la sifflent. Les producteurs doutaient fortement de l'impact de cette chanson sur le public mais Lean était sûr de lui : « Laissez-moi faire. Ça marchera si c'est bien fait ». Malcolm Arnold, en charge de la musique du film, composera une contre-marche à l'originale afin qu'elle s'accorde avec les sifflements. Cette composition en harmonie avec les sifflements deviendra La Marche de la rivière Kwaï et par le fait même le leitmotiv de la bande originale du film avec un arrangement de type fanfare de cirque (avec introduction et crescendo en fanfare). Malcolm Arnold recevra l'Oscar 1958 de la meilleure musique de Film, Lean ne s'était pas trompé. C'était l'évènement musical de l'année 1958 !
Le succès du film et de la chanson permet, pendant plusieurs années, à la veuve du colonel Alford de toucher d'énormes royalties grâce aux droits d'auteur pour La Marche du colonel Bogey. Dans quelle mesure Léon Malaquais, Honoré Champion puis Octave Callot ont-ils contribué à la fortune de Mrs Alford ?...
La Musique du film, sortie chez Philips se vendit comme des petits pains :
Pochettes des éditions de la musique du film.
Dès le début de 1958, chaque maison de disque voulut sortir sa version orchestrale :
Puis, arrivèrent, là aussi dès le début de 1958 nos immanquables versions franchouillardes accompagnées d'inimitables paroles françaises écrites pour Annie Cordy par Robert Chabrier sous le titre "Hello, le soleil brille" :
Il ne manquait plus que La Fanfare des Beaux-Arts pour s'engouffrer dans la brèche, ce qu'elle fit en studio dès le mois de mai 1958 avec Bougrement Vôtre(3) et Le Pont de La Rivière Kwaï, objet de la présente rubrique.
La photo de la pochette a été prise sur une passerelle sur le chantier du boulevard périphérique nord alors en pleine construction... Il est certain que ce décor fait un peu mois rêver que la rivière Kwaï en Birmanie mais bien dans l'esprit des Malaquais.
Sur la photo de la pochette, de gauche à droite (tous ne sont pas identifiés) :
On peut lire sur le verso de la pochette un bel hommage à la fanfare par Alexandre MACHAVOINE (Georges Loiseau, grosse caisse de la fanfare Malaquais) :
FACE A | FACE B |
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Ont participé à ce disque :
Trompettes : Gilles Thin (Gaston Trifloquet), Bernard Louyot (Gaëtan Lafleur), Clément Douady, Philippe Mornet.
Cornets : Alain Villeminot (Adrien Laridelle), Pierre Soulez-Larivière (Blaise Mac Hulot),
Clarinettes : Paul Diaz (Ali ben Diaz),
Sax Alto : Perault,
Trombones à coulisse : Jean-François Leleu (Yapakloss Kikouliss), Raymond Caubel (Yapakliss Kikouloss),
Basses : Michel Vincent (Léon Malaquais), Gérard Basso (Cuicui), Philippe Sicardon (Chichoune), Michel Macary, Merwyn Moura,
Soubassophone : Jean Tribel (Honoré Boudu),
Contrebasse : Michel Day (Onésime Huchepot),
Grosse Caisse : Georges Loiseau (Alexandre Mâchavoine),
Caisse-claire : Claude Marty.
Dans le Bulletin de la Grande Masse en 1959, Jacques Deneux et Jacques Golvin (Amédé) publient leur critique habituelle :
« ...Léon Malaquais :Sur certains points Lharidelle semble être du même avis(4) :
Après «Bal aux Beaux-Arts», Léon vient d’enregistrer un Super 45 tours Pathé. Si « Beer Barrel Polka » (pourquoi des trompes d’autos ?) est médiocre et le «Pont de la rivière KwaÏ» sans intérêt, l’amusant «Rico Vacilon» plein de trouvailles et surtout le ronflant «Musique en tête» suffisent à faire acheter le disque : «Le pont de la rivière Kwaï» - disque Pathé EA 187. »
« On notera cependant l'intéressant vocal dû au Gros Day (Honésime Huchepot) dans le Rico Vacilon qui en initiera d'autres... »
« ...«Rico Vacilon» est poussif ...Et à propos de fautes de mesure, ...sur le refrain de «Beer Barrel», la 3ème mesure est vraiment sabotée et tourne à la catastrophe… il y sera également remis bon ordre par la suite ! Je sens que mes considérations sur les fautes de mesure vont encore énerver Lharidelle qui raconte notre polémique à ce sujet sur l’estrade du Bal de 14 Juillet 1958(6) !.
Heureusement, certains morceaux comme «Musique en Tête» sauvent le disque et sortent de la grisaille générale... ».
Les droits de ce disque étant la propriété de la société EMI ayant racheté les droits de Pathé-Marconi, nous ne pouvons vous diriger par un lien pour l'écouter. Nous ne doutons pas que vous saurez à qui vous adresser pour en avoir connaissance. On le trouve en mp3 sur l'internet ici.
(1)
Nous parlerons bien-sûr de ces disques et cassettes le moment venu...
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(2)
En fait, il s'agit de paroles écrites lors de la seconde guerre mondiale, on ne les imagine pas chantées dans un film américain. Par une fanfare bôzart, en revanche, on a vu similaire et en français... :
Hitler has only got one ball,
Goering has two, but very small,
Himmler is very sim'lar,
And Goebbels has no balls at all.
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(3)
Voir le Disque du Mois n°7
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(4)
Histoire Edifiante et Véridique de la Grande Fanfare Malaquais. Adrien Lharidelle & Co - Editions Lulu.com
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(5)
L'Amour du Bruit n°12 (mai 2014)
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(6)
Voir le Disque du Mois n°8
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(7)
Je le cherche......si vous l'avez, faites moi signe, merci !
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(8)
Une rubrique du "Disque du mois" sera consacré à l'ensemble des rééditions des disques de Malaquais. Celles-ci étant effectivement des mélanges plus ou moins respectueux des disques d'origine, il ne peut être question de la réédition de tel ou tel disque.
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