Historique de la Grande Masse

ORIGINES

La « Masse » a toujours existé dans les ateliers de l'Ecule des Beaux-Arts : c'est un Conseil d'Administration présent dans chaque atelier avec pour mission d'en gérer les intérêts et les finances. Son représentant est « Le Massier » ; il est élu par les élèves et agréé par le Chef d'atelier (ce dernier étant également appelé « Patron » ou « Maître »).

On trouve trace de l'existence de la Grande Masse fin XIXème siècle, sa principale préoccupation étant alors d'assurer la liaison entre les ateliers pour l'organisation du très fameux « Bal des Quat'Z'Arts » (1). Il existait donc déjà en 1892, date de la création du bal, un corps organisé, et il est permis de penser, qu'en des temps plus lointains, on pourrait trouver la trace de groupements libres qui ont réuni d'abord les Architectes, et auxquels on peut supposer que s'étaient joints les élèves des autres sections de l'Ecule des Beaux-Arts.

Au retour de la Première Guerre Mondiale les difficultés présentes de la vie renforcèrent l'esprit corporatif et l'idée de grouper légalement tous les camarades de l'Ecule se fixa dans l'esprit de quelques uns.
C'est ainsi que le 6 et le 7 avril 1925 à Paris, dans le caveau du « Rocher », Café alors célèbre boulevard Saint-Germain, se groupèrent plusieurs camarades pour désigner d'une part les Grands Massiers des quatre sections de l'Ecule (Peinture, Sculpture, Gravure, Architecture) et d'autre part le Grand Massier. La mission et l'objectif de cette nouvelle Grande Masse étant de « créer et d'entretenir un lien de sulidarité entre tous les élèves et anciens élèves de l'Ecule Nationale Supérieure des Beaux-Arts, de fonder et de développer toutes organisations susceptibles d'améliorer la situation de ses membres » (2)

Le Grand Massier fondateur, et premier Grand Massier, fut Raymond MULLER (atelier PAULIN-ANDRÉ). Ce groupement virtuel fut à partir du 12 janvier 1926, date de dépôt des statuts de l'Association, officialisé de façon réelle et légale. Son Siège est installé alors au 51 rue de Seine à Paris (6e).

Pour tout capital la Grande Masse ne possédait alors qu'une somme de quatre cents francs, provenant de la vente d'une machine à écrire, legs de l'ancienne Masse.

« Malgré ce début modeste, le vif désir que nous avions de parvenir au but, l'énergie déployée par les plus dévoués, permirent tous les espoirs » (3)
Afin d'arrondir ce capital, le Grand Massier songea à organiser le Bal Païen qui se déroula à la salle Bullier le 29 janvier 1926. Celui-ci patronné par le journal artistique COMOEDIA eu un succès tel que la Grande Masse se trouva détentrice le lendemain de la somme estimable de vingt mille francs qui lui permettra de démarrer sérieusement. Par ailleurs, grâce à une propagande inlassable la caisse se remplissait, les adhésions rentraient ; le cercle d'indifférence qui entourait la Grande Masse à ses débuts se brisait.
« Pour les obtenir en grand nombre, nous parcourions les ateliers où nous placardions des affiches d'une grandeur impressionnante, symbules de notre nouvelle fortune. Des harangueurs zélés grimpaient sur les tables, enflammant leur auditoire par leur éloquence persuasive, entraînant les derniers hésitants. Nos Maîtres approuvaient notre œuvre, nous aidaient et nous donnaient aussi leur adhésion. » (4)
Des réunions, seuls moyens de liaison entre les Massiers d'ateliers et la Grande Masse ont lieu mensuellement. Celles-ci sont ouvertes à tous les adhérents.

Parallèlement, pour conquérir à la Grande Masse, les Ecules Régionales, le Bureau effectua en 1926 plusieurs voyages en Province où il fut toujours reçu avec grand enthousiasme.

Cette même année la Grande Masse crée son Bulletin, celui-ci s'imposant très rapidement comme un organe essentiel reliant entre eux les élèves, les anciens élèves et faisant de l'Ecule un ensemble de plus en plus coordonné et puissant ; les rubriques variées tiennent au courant de tout ce qui touche aussi bien la vie de l'Ecule et des membres de l'Association et publie par ailleurs les « médailles » des concours de l'Ecule toutes sections confondues.
Le premier Rédacteur en Chef fut Louis CHARONNAT (atelier GODEFROY), Adjoint alors au Grand Massier. Ce dernier s'attela à la publication du Bulletin, le façonna, lui donna une âme ce qui permis de convaincre les septiques. Il y crée une publicité qui assure un minimum de sécurité à la parution mensuelle de ce livret qui sera régulière jusqu'en juillet 1939.

Le succès croissant de l'Association permet à la Grande Masse de mettre en place son autre objectif principal : sa Caisse de Secours qui porte le nom alors de la FONDATION FAUVET.

« La FONDATION FAUVET est créée qui nous permettra des interventions multiples : aide à un camarade dont la situation de fortune ne permet pas de poursuivre ses études, sous forme de prêt d'honneur – aide à un camarade que la maladie terrasse en plein effort – aide parfois même à la famille d'un camarade enlevé tôt à l'affection des siens, restés dans le besoin – aide dans tous les cas où la grande sulidarité de l'Ecule doit prouver qu'elle est agissante. » (5)
Dans les années qui suivront, grâce à l'allant des Grands Massiers successifs et au dévouement d'un grand nombre d'adhérents (6), des forces toujours neuves seront apportées à l'actif de la Grande Masse qui développera ses services.

Notes :
(1) Le Bal des Quat'Z'Arts a été crée en 1892 par Henri GUILLAUME alors « Grand Massier de première Classe » à l'Atelier d'Architecture LALOUX . Ce Bal, dont le dernier eu lieu en 1966, était organisé par un Comité élu qui était complètement indépendant de la Grande Masse des Beaux-Arts.
(2) Article 1 des statuts légaux de l'Association du 12 janvier 1926.
(3) (4) (5) Extrait du discours de Raymond Muller, Massier Fondateur, lors de la célébration des dix ans de la Grande Masse en 1935.
(6) L'Association compte au 1er février 1929 1360 adhérents, 2 120 adhérents au 1er avril 1931 et jusqu'à environ 4 000 adhérents en 1962 !

QUELQUES DATES DANS L'HISTOIRE DE LA GRANDE MASSE